Urbain V, pape
1362-1370
Guillaume de Grimoard était fils de Guillaume, sire de Grisac et d’Amphélise de Montferrand, excellente chrétienne. Il naquit en 1310 au château de Grisac (Lozère).
Ses études furent soignées et brillantes : Montpellier, Toulouse, Avignon, Paris, et il fut reçu docteur en droit en 1342.
Il entra chez les Bénédictins de Chirac (près de Mende) et émit profession à l’abbaye Saint-Victor de Marseille.
Outre qu’enseigner le droit dans les universités, il fut vicaire général à Clermont et Uzès, abbé de Saint-Germain d’Auxerre puis de Saint-Victor de Marseille, chargé de plusieurs légations en Italie.
Lors de sa dernière légation, on lui fait savoir que le conclave l’a élu pour succéder à Innocent VI : il devenait ainsi le deux-centième pape.
Les papes habitaient en Avignon depuis 1309, et Guillaume dut rejoindre la «cité papale» française où il fut couronné, et prit le nom d’Urbain V.
Moine il était, moine il resta. Il se confessait chaque matin avant de célébrer la messe, jeûnait volontiers, secourait les malades et les pauvres autant qu’il pouvait (et parfois au-delà), se cultivait beaucoup par la lecture, dormait tout habillé sur la dure ; la nuit, on l’entendait gémir et prier.
Il promut beaucoup les universités, en France et ailleurs, en créant quelques-unes et développant quelques autres ; il fonda des bourses d’études pour cent étudiants. Il fit des travaux en Avignon, à Marseille, à Mende.
Il condamna derechef l’usure et la simonie.
Il s’efforça de reprendre au tyran milanais (Bernabo Visconti) certaines places des Etats pontificaux, mais il se ruina plutôt qu’il ne réussit vraiment dans son effort de pacification.
Sur les instances de sainte Brigitte de Suède, il revint un moment à Rome, où il fut assez bien accueilli. Il y canonisa Elzéar de Sabran (1369) (v. 27 septembre), couronna l’impératrice et reçut l’abjuration de l’empereur de Byzance, Jean V Paléologue ; il souhaitait une réunion entre les Eglises d’Orient et d’Occident : il put au moins travailler à leur rapprochement.
Pour réconcilier la France et l’Angleterre, il crut bon de revenir en Avignon : sainte Brigitte l’avertit que s’il y retournait, il y mourrait, ce qui arriva bientôt.
Urbain V mourut le 19 décembre 1370 en Avignon.
Son «erreur» de quitter Rome ne l’empêcha pas toutefois d’opérer des miracles, dont le dossier fut constitué une trentaine d’années après sa mort, et finit par aboutir à la béatification, beaucoup plus tard, en 1870.
Son successeur fut Grégoire XI, qui ramena officiellement à Rome le siège de la papauté.