Wilfrid d’York
634-709
Wilfrid naquit vers 634.
Il fut très tôt orphelin de sa mère puis, son père s’étant remarié, il chercha à échapper aux vexations de sa belle-mère. Il avait une dizaine d’années.
Voulant se donner à Dieu, il chercha l’appui de la reine Eanfleda, récente néophyte, qui intervint à la fois auprès du roi Oswy, le chef du clan, et de son père : il put enfin gagner le monastère de Lindisfarne.
Comme un poisson dans l’eau, Wilfrid profita pleinement de la vie cénobitique et devint objet d’admiration pour son humilité, son ardeur à pratiquer la sainte Règle et à étudier. Mais comme tout adolescent qui cherche à être logique avec soi-même, Wilfrid se rendit bientôt compte que l’on devait corriger quelques inadéquations dans cette vie.
Il alla alors à Rome : c’était le premier Anglo-Saxon à le faire, avec Benoît Biscop (v. 12 janvier) qui l’accompagnait pour les mêmes motifs.
Benoît atteignit Rome le premier ; Wilfrid voulut rester quelques mois auprès de l’archevêque de Lyon, Delphinus, puis continua sa route. A Rome, il reçut la bénédiction du pape, ainsi que maintes explications sur les usages romains.
Au retour, il s’arrêta à nouveau à Lyon, et pendant trois années (655-658), il y compléta sa formation.
En Angleterre, il fut nommé abbé à Ripon, reçut le sacerdoce et profita de sa place pour faire connaître les habitudes de Rome : date de Pâques, calendrier, fêtes, etc.
En 664, lors de l’assemblée de Whitby, il fut nommé archevêque de York, ce qu’il n’accepta qu’à contre-cœur, devant l’unanimité des suffrages. Ce n’était que le début de ses péripéties.
Il voulait d’emblée être sacré évêque par un consécrateur lié à Rome, et reçut la consécration des mains du nouvel évêque de Paris, son ami Agilbert. Mais de retour à York, il trouva la place prise par un saint moine qu’on avait consacré sans l’informer de la nomination de Wilfrid. Ce moine était Ceadda (v. 2 mars). Wilfrid «laissa faire» et se retira humblement dans son abbaye de Ripon, heureux de se trouver déchargé d’un poids qu’il avait préféré ne pas recevoir.
C’est le roi de Mercie qui, alors, l’appela pour consolider la foi chrétienne dans ce royaume, y faire construire des monastères. Puis ce fut Egbert, roi de Kent, qui l’invita : Wilfrid passa alors trois années (666-669) entre Ripon et le diocèse de Canterbury, alors vacant. Puis le nouvel archevêque de Canterbury, Theodorus (v. 19 septembre) le rétablit à York après avoir invité Ceadda à se retirer.
C’était une nouvelle période pour Wilfrid, féconde en activités pastorales et missionnaires, mais aussi artistiques. Il fut le véritable initiateur de l’architecture ecclésiastique dans le nord de l’Angleterre, il restaura sa cathédrale, fonda un grand monastère à Hexham, aidé en cela par l’épouse du roi adultère Egfrid : celle-ci, Ermenburge, finit par se retirer dans un couvent ; la troisième épouse d’Egfrid le poussa en revanche à chercher la perte de Wilfrid.
Pratiquement, l’heureuse activité de Wilfrid fut désormais suspendue en 678. L’archevêque Theodorus eut alors l’initiative de diviser le diocèse de York en trois, sans en parler avec Wilfrid. Malgré un voyage à Rome, Wilfrid ne fut pas reçu en Angleterre et subit même plusieurs mois de prison ; l’appui du nouveau roi de Northumbrie - et la mort de Theodorus (690), permirent finalement à Wilfrid de reprendre la tête de son diocèse.
Durant ce voyage à Rome, le bateau de Wilfrid s’échoua en Frise, dont Wilfrid s’empressa d’évangéliser les habitants, devenant ainsi le premier apôtre anglo-saxon de la Germanie, un demi-siècle avant s.Boniface (v. 5 juin). A Rome, il participa au concile contre les monothélites.
Mais les déceptions de Wilfrid n’étaient pas finies. De nouveau, on poussa le roi à morceler le diocèse de York. Wilfrid vint se réfugier en Mercie, où l’évêché de Lichfield était vaquant : il y passa onze années !
En 703, le roi de Northumbrie et le nouvel archevêque de Canterbury, Berchtwald, proposèrent à Wilfrid de rester enfermé dans le monastère de Ripon, dont il ne sortirait qu’avec la permission du roi. Wilfrid ne pouvait accepter une telle décision si arbitraire. De nouveau il s’exila en Mercie, de nouveau il partit à Rome. Quatre mois ne furent pas de trop pour permettre au pape de décider qu’un évêque en charge depuis quarante ans devait être reçu avec honneur dans son pays, plutôt que poursuivi sans cesse.
A ce moment, Wilfrid aurait presque préféré finir ses jours à Rome ; on le poussa cependant à reprendre sa place à York. Il obéit. Il eut un grave malaise à Meaux, où une apparition de l’archange s.Michel lui annonça sa guérison.
En Angleterre, l’archevêque de Canterbury s’inclina devant la décision romaine et se réconcilia avec Wilfrid. De leur côté, les rois mirent encore des difficultés. Mais une solennelle assemblée tenue près de Ripon sous l’autorité de Berchtwald, décréta enfin qu’on laisserait en paix le digne évêque de York.
Wilfrid, désormais septuagénaire, ne devait survivre que quatre années à cette décision si attendue. Il les passa dans le monastère de Hexham.
Dans un dernier voyage à Ripon, un nouveau malaise le terrassa. Il disposa alors de la destination de ce qui lui restait, désigna Tatbert, prieur du monastère, pour son successeur comme abbé à Ripon, et Acca comme abbé à Hexham, et s’endormit paisiblement le 24 avril 709, après quarante-cinq ans d’épiscopat.
Saint Wilfrid est commémoré le 24 avril dans le Martyrologe Romain.